Quelle est la charge environnementale résiduelle d’une plateforme Oil & Gas offshore à sa cessation d’activité ?
by Amélie Elkik
Conçues pour soutenir une production pendant des dizaines d’années et résister aux conditions météorologiques les plus extrêmes, les plateformes Oil & Gas (O&G) offshore s’apparentent à un déchet vaguement embarrassant lorsqu’elles deviennent obsolètes, c’est-à-dire lorsqu’elles ne produisent plus.
La question du démantèlement final est peu adressée lors de la phase de conception et rarement présente dans les contrats d’Exploration & Production (E&P). Néanmoins, la convention appelle à un retour à l’état initial du site après exploitation.
Il est aisé de se représenter le coût énergétique et environnemental que représente l’installation d’un champ pétrolier ou gazier offshore, requérant des années d’ingénierie et des mois d’installation, avec l’ensemble des moyens marins de forage, levage, transport et services nécessaires.
Un projet de démantèlement requiert également de longs mois d’ingénierie et de travaux offshores.
Quel est alors le coût et l’impact environnemental d’un projet de retour à l’état initial après 30 ou 40 années de production ?
Dès les premiers jours qui ont suivi l’immersion des infrastructures pétrolières, une colonisation sous-marine s’est développée, créant un nouvel écosystème en lieu et place de l’ancien, adapté au nouvel habitat. Bien qu’en apparence inhospitalier, quelques semaines ont suffi pour créer, sans intention préalable, une concentration d’espèces aquatiques, faune et flore comprises. L’infrastructure sous-marine, partie structurelle soutenant la plateforme et les appareils de production, est essentiellement composées d’acier et devient donc un récif artificiel propice à une vie sous-marine dense.
De ce point de vue subaquatique, même si l’on considère que les nouvelles espèces colonisatrices ont chassé les précédentes, est-il préférable de souhaiter un retour à l’état initial, 40 ans en arrière, quitte à tout perturber à nouveau ?
Quant au risque de pollution aux hydrocarbures, la phase de démantèlement intervient après la cessation de production. Il n’y a donc pas, par définition, de risque de pollution aux hydrocarbures, le puit étant « sec ».
Aujourd’hui, la question d’impact environnemental et de préservation possède une signification forte dans les préoccupations des uns et les discours des autres.
La question du démantèlement des champs pétroliers n’y échappe évidemment pas plus qu’un autre sujet.
Ainsi, les communications, procédures, revues et ingénieries du démantèlement seront retravaillées à l’éclairage de cette composante forte.
Mais, plutôt que de considérer la charge environnementale comme un nouveau paramètre venant perturber la phase déjà décidée et extrêmement contraignante du démantèlement, en n’y apposant parfois qu’un léger vernis verdâtre, pourquoi ne pas en profiter pour revoir l’ensemble du projet de démantèlement, et entreprendre une approche systémique en mettant à jour les paramètres d’entrées, avec une connaissance et des moyens modernisés.
Considérer la plateforme comme un patrimoine valorisable, supportant le développement d’une activité prenant en compte des paramètres judicieux, contribuerait à réévaluer la valeur ajoutée locale et actualisée de ces infrastructures.
L’écueil serait cependant de décider trop rapidement de ne pas démanteler, sous prétexte d’écologie responsable, et éviter ainsi toute discussion constructive et appropriée au contexte spécifique du projet de démantèlement.
La question environnementale doit rester une composante intègre d’un système complet.